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Indicateurs précoces du besoin en lits de réanimation pendant l'épidémie de Covid-19

Publié le 30 novembre 2020

Le groupe de recherche COVID-19, dont la Faculté de santé de l’UPEC fait partie, a mené une étude rétrospective dans le but d’évaluer les premiers signaux d’alerte liés à la COVID pour anticiper les besoins en lits de réanimation. Celle-ci a été publiée dans la revue internationale PLOS ONE le 18 novembre 2020.

réanimation
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Ce groupe, coordonné par le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), est composé d’équipes de l’AP-HP, de l’UPEC et d’autres universités franciliennes*, ainsi que de l’INRIA et de l’INSERM.

L’étude montre que ces indicateurs précoces donnent la possibilité aux autorités sanitaires de décider de mesures, plus contraignantes si nécessaire, sans attendre une saturation des services hospitaliers.

La réponse médicale à la crise sanitaire de la Covid a mis en tension toutes les ressources hospitalières, en particulier les services d'urgence, l'hospitalisation conventionnelle, et les unités de soins intensifs. Cette pandémie a frappé le système de santé avec une rare violence, menaçant d'une éventuelle pénurie de lits de réanimation, ce qui aurait entraîné une mortalité supplémentaire. Bien que les analyses épidémiologiques aient fourni des informations précises sur la progression de l'épidémie, elles n'ont pas permis de prévoir les besoins en lits de réanimation. Il n’existait pas d’indicateur précoce reconnu.

En Ile-de-France, du 20 février au 5 mai 2020, plusieurs indicateurs précoces d’alerte ont été comparés au nombre de patients Covid admis en réanimation. Les appels aux SAMU – centres 15, les envois d’ambulance, le pourcentage de tests PCR positifs, les visites de SOS médecins, les passages aux urgences concernant des patients Covid étaient fortement corrélés au nombre de patients admis en réanimation avec un délai d'anticipation de 23, 15, 14, 13 et 12 jours respectivement.

En revanche, le nombre de patients admis en hospitalisation ne permettait pas d’anticiper le besoin de lits en réanimation. Une analyse qualitative du début de la deuxième vague de l'épidémie (du 1er août au 15 septembre 2020) menée également en Ile-de-France a donné des résultats similaires, permettant une ébauche de validation externe de ces indicateurs.

Ces résultats importants ont permis à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris d’introduire très précocement ces signaux d’alerte dans son tableau de bord quotidien de pilotage de la crise Covid et ont permis de compléter les indicateurs initialement présentés par Santé Publique France dont certains (admission en réanimation, décès) étaient des critères trop tardifs pour permettre un pilotage en anticipation des lits de réanimation.

Ces indicateurs précoces donnent aux autorités sanitaires la possibilité de décider de mesures, plus contraignantes si nécessaire, sans devoir attendre que les services hospitaliers soient saturés. Ils pourraient également être utiles pour anticiper une future épidémie, comme ils l’ont été dans le passé pour d’autres crises sanitaires comme la canicule de 2003.

* Sorbonne Université, Université de Paris, Université Paris Est-Créteil, Université Paris-Saclay, Université Sorbonne Paris Nord et Université Versailles-Saint-Quentin en Yvelines

> Télécharger le communiqué de presse
> Consulter l’étude sur PLOS ONE